75 ans de la Libération de Sélestat

Lors de la cérémonie inter-religieuse (!) du 25 janvier 2020 en l'église Sainte Foy, a été lu ce bref historique de la libération de Sélestat en 1944/45 :

((c) photos Patrick Keller, Ville de Sélestat, vifs remerciements à lui)

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Bref historique de la libération de Sélestat

La campagne d'Alsace de la 1ère Armée Française et de la 7ème Armée US

Remontant de Marseille et de Lyon, par les vallées du Rhône et de la Saône, la 1ère Armée Française dans laquelle servent de nombreux bataillons nord-africains arrive aux confins de l’Alsace en septembre 1944. A partir du 4 octobre, elle s’engage dans la bataille des Vosges pour appuyer la 7ème Armée Américaine qui cherche à atteindre Saint-Dié.

Percées alliées pour la libération de Mulhouse et de Strasbourg

L’usure fait céder les troupes allemandes le 14 novembre, lors d’une offensive surprise par la trouée de Belfort. Mulhouse est libérée le 21 novembre. Parallèlement, la 7ème Armée Américaine perce par Saverne et libère Strasbourg avec le soutien de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc le 23 novembre. Très vite les Vallées Vosgiennes sont libérées.

L'installation de la "Poche de Colmar", Sélestat ville sur la ligne de marquage

Toutefois, l’occupant allemand oppose une résistance féroce pour se maintenir en Centre-Alsace. Himmler et ses SS en personne veillent à la défense d’une large tête de pont de ce côté du Rhin, communément appelé la « poche de Colmar », allant de Plobsheim dans le Nord jusqu’au Nord de Mulhouse, voire le long du Rhin jusqu’à Bâle.

Les inondations et le manque de ravitaillement imposent une pause dans la progression, laissant Sélestat sur la ligne de marquage. Si de larges parties de la Ville sont entrées sous contrôle allié, le Gartfeld et l’autre côté de l’Ill restent en main allemande.

Pour la population de la Ville qui avait espéré une libération rapide, commencent sept longues semaines qu’elle est obligée de passer à l’abri dans les caves, à cause des nombreux feux d’artillerie. L’eau courante et l’électricité sont coupées, les pénuries de bougies se font rapidement sentir. L’hôpital devra déménager ses malades plusieurs fois dans différentes caves, puis enfin à Obernai.

L'offensive allemande sur les Ardennes et ses conséquences potentielles sur l'Alsace

Lorsque l’armée allemande mène une puissante offensive éclair par le Luxembourg sur les Ardennes, à partir du 20 décembre 1944, le général américain Patton envisage de retirer toutes les troupes sur la crête des Vosges et rappelle la Deuxième Division Blindée du général Leclerc en renfort sur les Ardennes. Avec la conséquence potentielle de laisser l’ennemi reprendre Strasbourg, Mulhouse et toute l’Alsace déjà libérée, et ce juste avant les fêtes de Noël. Mais, sur ordre des généraux de Gaulle et De Lattre de Tassigny, les unités de la 1ère Armée Française restent en place et maintiennent les positions.

De manière précaire, les offices religieux pour Noël peuvent avoir lieu, dans un cessez-le-feu tacite.

En janvier 1945, les activités de combat reprennent. De nombreuses communes dans le Haut et le Bas-Rhin sont détruites. L’eau et l’électricité sont rétablies à Sélestat vers le 7 janvier, mais on n’est pas à l’abri des tentatives allemandes de reprendre la ville, défendue par la 2ème Brigade de la 1ère Division Française Libre, notamment par les Bataillons de Marche numéro 4 et 5 et le 22ème Bataillon Nord-Africain.

25 janvier : le combat héroïque de la 2ème compagnie Chambarand

Le 25 janvier, malgré le froid glacial et une couche de neige fraîche de 60 cm, une vaste offensive est menée sur les positions allemandes dans l’Illwald. Seule la 2ème compagnie Chambarand réussit à atteindre l’objectif fixé. Elle finit par se trouver isolée à l’avant du front et essaye de résister pendant la nuit au terrible contre-feu des allemands. Le bilan est lourd : 33 camarades tombés et 25 blessés dont plusieurs avec des membres gelés.

Fin de menace, à la suite de la Libération de Colmar

Ce n’est que le 31 janvier qu’Ohnenheim sera atteint et seule la libération de Colmar le 2 février sonne la libération définitive de l’Alsace, bien que les SS de la ligne Siegfried rôdent encore pour instiguer des actes de vengeance. Trois semaines plus tard, le 7 mars, toute la population de Sélestat célèbre officiellement sa libération, en présence du général Montsabert.

Victimes civiles et militaires

Toutefois, la guerre continue de réclamer ses tributs, même à Sélestat, dans la population civile. Aux 6 victimes d’attaques aériennes et aux 32 victimes d’obus, s’ajoutent 29 victimes de mines, dont la plupart après la fin des combats en Alsace. Parmi eux, une dizaine d’enfants, dont 5 dans une explosion le 13 avril dans le Gartfeld.

De nombreux soldats français sont tombés pour la libération de Sélestat ont été enterrés au cimetière. On y compte aussi un carré de tombes musulmanes.

(Jürgen Grauling, à partir du livret d'Alsacollection, réédité à l'ocasion du 60ème anniversaire la Libération de Sélestat en 2004)

 

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