Croi(x)s-tu ? (La semaine de tous les retournements)
La semaine de tous les retournements
Roi que j'acclame, le dimanche,
sur une croix, en cinq jours, je le lynche,
je l'abandonne à mille tourments.
"Je" ? Moi ? Pourquoi donc ?
Je n'étais pas là, n'étais pas né, il y a 2000 ans
à la grâce d'une naissance à retardement
acquittez-moi pour de bon !
"Je" ? Moi ? C'est impossible.
Car sûrement, j'aurais pris sa défense
serais venu à son secours avec fers et lance
Oui, je souhaite cela plausible.
Je... moi... suis donc comme Simon
à trancher dans le vif pour ne semer que la mort
parce que faible au fond, je me veux fort
ma témérité côtoie l'abandon
Je... moi... que ma vérité éclate
Je n'y suis pour rien, suis innocent
je n'ai rien à voir avec tous ces gens
Je m'en lave les mains comme... Ponce Pilate
Je... moi... suis donc en fait tout comme eux...
Lorsque je cesse de me récrier, de faire semblant
que je suis honnête avec mes penchants
Je reconnais, stupéfié : je ne ferais pas mieux.
Je... moi..., si j'étais à leur place
comme Caïphe je jugerais en despote
dans la déception, je trahirais, comme... Iscarioth
Que cette perpective me glace !
Je... moi..., moi, moi, moi...
A cause de moi, le Christ se meurt
Pour moi, il affronte la peur...
Je... tue... Quel effroi !
...
Je... moi... disparais !
La honte et la coulpe me sumergent
la terreur m'entraîne loin des berges
Je me noie, "moi" se délaye.
...
La semaine de tous les retournements
Le Christ qu'un jour, je lynche,
m'acclame dès le dimanche
me relève de mon tourment.
Moi, je, certes, mais pas vraiment
Je croîs, ou plutôt Lui en moi,
sur mon ego se trace désormais sa croix
Déjà se lève un nouveau vent.
Moi, je, plus jamais solitaire
car dans l'abandon
s'est vécu son pardon
pour renaître et vivre solidaire
Moi, je, plus jamais seul
toi, vous, il et elle
voilà la vie nouvelle
sous le signe de l'arc-en-ciel
Jürgen Grauling
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