Carnaval : Prophète, c'est quand tu le sens en toi
Prédication en rimes sur Ezéchiel 2,1-3,3 pour la période du carnaval. 16/2/2020
Lien vers une version pdf : predicationrimee2020-02.pdf (34.96 Ko)
(Bon pasteur ou bat pastor (pasteur chauve-souris) ? Photo : Eliane Bernhard)
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
Un jour, la gloire de l’Eternel
s’empare du jeune Ezéchiel.
Gloire se dit Kavod en hébreu
et signifie « ce qui a du poids »
Quand elle te saisit comme un feu
à l’intérieur de toi,
tu ne fais plus ce que tu veux
mais tu agis comme tu dois.
Au début, tu as l’impression que tu meurs
tellement semble t’écraser cette pesanteur
Puis une voix te dit : n’aie pas peur.
Tout se met en place, dans ta tête et dans ton cœur.
Si elle semble comme un jugement un jour,
cette parole qui pèse tellement lourd,
devient limpide, douce comme le miel
lorsqu’on saisit ce qu’elle a d’éternel.
Si un jour, tu rouspètes et tu murmures,
contre elle, que tu la couvres d’injures,
car elle se dresse contre toi et ravive la blessure
que provoque le mal qui en toi suppure,
demain tu la décores d’enluminures
cette Parole limpide comme l’eau pure,
car tu découvres au fur et à mesure
qu’elle donne au monde sa structure.
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
La Parole – le logos – c’est la logique,
secrète, qui sous-tend la création
Elle lui donne sa dynamique
et la ramène toujours à sa raison.
Enfin raison, il s’agit plutôt de passion
la première n’empêche pas la seconde
quand l’Eternel suit son impulsion
amour et logique se répondent et se confondent
Mais lorsqu’elle agit dans le monde
elle est souvent à deux tranchants :
le profond des âmes elle sonde
tout en les aimant foncièrement.
Elle peut être chirurgicale
opérant à cœur ouvert
ôtant la racine du mal
et enlevant ce qui rend pervers.
Mais refermer aussi des blessures
les faisant cicatriser
Elle apaise et elle rassure
l’âme qui est terrorisée.
Elle entraîne à chercher le meilleur
initie des cercles vertueux
Elle s’oppose à la terreur
stoppe les enchaînements vicieux.
Qui a des oreilles écoute !
Cette parole passe l’entendement.
Mais qu’on s’y refuse ou qu’on l’écoute
Qu’elle soit proclamée est important.
Que le monde soit dans le chaos,
ce n’est que provisoire
L’Eternel s’inscrit en faux
contre les errements de l’histoire.
Il fait éclater l’Esprit de vérité
en face de toute hypocrisie
Il fait entendre sa volonté
même au milieu de l’anarchie.
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
Toi qui entends, toi qui écoutes
Fils d’homme, Ezéchiel,
Prends-en un plein rouleau et goûte :
n’a-t-elle pas un goût de miel ?
Nourris t’en et va en vivre,
je t’envoie aux enfants d’Israël !
Proclame et raconte le livre
même s’ils ont un cœur rebelle.
Même s’ils ne veulent pas comprendre,
qu’ils s’obstinent dans leur fiel
Que la parole se fasse entendre,
est tout de même essentiel.
Qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas
Quelle importance cela a ?
Ils ne pourront désormais pas dire
qu’ils ne savaient pas avant de mal agir.
A cette engeance de rebelles,
Dis-leur : Ainsi parle l’Eternel !
Adresse-leur l’appel.
Certains recommenceront de plus belle
et ça c’est moche
Un petit reste restera fidèle
et la parole comme l’eau creusera la roche.
D’autres reviendront sur leurs pas
changent d’attitude ou pas
Proclame ! N’en sois jamais las,
qu’ils écoutent ou n’écoutent pas !
Ezéchiel, ô fils d’Adam,
ta mission demande du courage :
la solitude te guette, le danger attend,
c’est un monde d’anthropophages.
Oui, des mangeurs d’êtres humains,
des gens qui ne reculent devant rien.
Mais la parole au goût de miel,
je t’en fais la sentinelle.
Des deux tranchants
tu seras le garant
et quand tu ouvriras la bouche
tes paroles feront mouche.
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
Ézéchiel œuvrait à une époque difficile
tout un monde était en train de s’effondrer
Le peuple soi-disant élu est envoyé en exil
Beaucoup périssent, la ville sainte est rasée.
Plus de roi, plus de chez soi, plus de repères
Pire : plus de temple non plus, là où Dieu habite,
là où se manifestaient sa gloire et sa splendeur
là où se déroulaient d’immuables rites.
Tant qu’on lui voue un culte avec des sacrifices
Dieu, déjà, fermeraient les yeux sur bien des vices
telle était de tous les puissants la devise
pour n’agir que mieux à leur propre guise.
A côté, ils vénéraient d’autres divinités :
l’égoïsme, le goût du gain, l’avarice,
le vain pouvoir et les mondanités.
Au diable, amour, vérité, justice.
Mais la gloire de l’Éternel
ne se laisse pas enfermer,
Elle n’habite pas un hôtel (autel).
Elle trouve bien des moyens de se manifester
en dehors des cérémoniels.
Elle se joue des exils où l’on veut la chasser
et revient au galop comme le naturel.
A l’époque elle allait se présenter
à l’esprit du jeune Ézéchiel.
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
Aujourd’hui, tout un monde s’effondre,
le climat part en débandade
le Brexit s’installe à Londres
Trump, Orban, Poutine à la bravade.
Les populismes ont le vent en poupe,
Le monde est en recherche du seul plaisir
tandis que le bonheur, lui, boit la soupe
les collapsologues voient toujours pire.
Chacun pour soi et après moi le déluge
pourrait être la devise
Midi à ma porte, l’autre je le gruge
A chacun sa propre mouise.
L’esprit de solidarité s’estompe
Tout est commercial
Titanic dans ses grandes pompes
Je vous laisse imaginer le final.
Seras-tu cette sentinelle,
qui sens la gloire de l’Eternel ?
Qui feras entendre une autre voix
celle qui éclate l’entre-soi ?
Fais entendre un autre son
Suscite ce qui rend bon
Proclame la parole tout autre
Deviens un ou une apôtre !
Qui a des oreilles écoute !
Cette parole passe l’entendement.
Mais qu’on s’y refuse ou qu’on l’écoute
Qu’elle soit proclamée est important.
Que le monde soit dans le chaos,
ce n’est que provisoire
L’Eternel s’inscrit en faux
contre les errements de l’histoire.
Il fait éclater l’Esprit de vérité
en face de toute hypocrisie
Il fait entendre sa volonté
même au milieu de l’anarchie.
Prophète, c’est quand tu le sens en toi.
Prophète, c’est quand tu es obligé de le dire.
Prophète, c’est quand tu ne peux plus te taire.
Peu importe qui s’emploie
à t’écouter ou à en rire.
Peu importe si personne n’en a rien à faire.
Que vous m’ayez écouté est un miracle
et je vous en remercie.
Malheureusement, le spectacle
est maintenant fini.
Que la paix de l’Eternel, sa gloire,
qui dépassent tout l’entendement
occupent votre esprit et la mémoire
par Jésus, le Christ, et fils d’Adam.
Et si cela vous a rendus zens,
répondez en disant : Amen !
Un’ wenn nit, will ich kein Zores,
dann gehn’er halt zu de Machores* !
Jürgen Grauling
* Traduction : "Et sinon, je ne veux pas de dispute. Allez alors chez les Machores" (société sélestadienne de Carnaval)
Vous devez être connecté pour poster un commentaire