Marthe et Marie : quand Jésus "balance la porcherie"

(#CalendrierAvent 12 décembre)

 

Marthe prépare, Marie médite.

Deux manières différentes pour accueillir la visite.

Marie médite, Marthe prépare,

mais celle-là a choisi la meilleure part. (Luc 10, 38-42, voir le calendrierAvent d'hier)

Marthemarievermeer

(Par Johannes Vermeer, Domaine public, commons.wikimedia)

 

A peine cinq versets, une historiette de rien du tout.

Deux phrases rapportées de la part de Jésus, et pourtant une révolution.

« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire.

Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée. »

 

#balancetonporc ?*

Jésus jette par-dessus bord la porcherie toute entière.

J’exagère à peine.

Naturellement, nous aurions tendance à comprendre Marthe, à lui donner raison, n’est-ce pas ?

Si on invite, il faut bien servir (à) quelque chose. Si personne ne s’agite, pas d’invite et pas de visite !

Certes, mais dans l’interpellation de Marthe, elle sous-entend beaucoup plus…

La seule manière convenable pour elle de recevoir de la visite,

la seule façon acceptable pour une femme de se distinguer,

c’est de se mettre au service, pas de se mettre à l’écoute, pas de se mettre à hauteur d’yeux.

A aucun moment même, elle n’envisage de concilier les devoirs de l’hospitalité avec la possible disponibilité auprès de ses invités.

 

Marthe, sans qu’elle ne s’en rende compte, a intégré la « porcherie »,

le patriarcalisme, ce système ancestral qui confine les femmes toujours dans des rôles subalternes et les assigne aux fourneaux et à la maternité, et dans le monde moderne à des objets de plaisir et de faire-valoir.

Elle s’en fait même la garante.

Si elle interpelle Jésus au sujet de Marie (pourquoi pas de Lazare, son frère, tiens!), ce n’est pas une simple question de jalousie.

Elle suggère qu’une femme n’a pas sa place en disciple.

Une femme, ça ne médite pas, ça ne philosophe pas, c’est réservé au monde des hommes.

 

Jésus jette par-dessus bord la porcherie et a tendance à regarder les femmes à hauteur d’yeux.

S’il reconnaît la peine que se donne Marthe, il donne raison à Marie.

Il fait de Marie-Madeleine et des femmes venues à la tombe les premières apôtres.

Il philosophe avec une femme étrangère et marginale (la samaritaine, Jean 4) sur la margelle d’un puits.

Il renvoie une autre à une vie nouvelle où elle pourra exister sans être réduite à un objet de désir (« Va et ne pèche plus ! » Jean 8).

Il ne s’offusque pas d’être touché par une femme estampillée par le système patriarcal comme « impure » mais loue sa grande foi (Luc 8, 40ss).

Les veuves deviennent pour lui protagonistes de paraboles (Luc 15, 8ss et Luc 18, 1ss).

 

Malgré tous les efforts des siècles à venir, les églises n’ont pas réussi à éradiquer de l’Evangile l’œuvre émancipatrice du Christ.

 

J. Grauling

Note

* #balancetonporc et #metoo (« moi aussi »), étaient les mots d’ordre ou hashtags utilisés par les personnes qui souhaitaient dénoncer des agressions sexuelles, à la suite de l’affaire Harvey Weinstein, il y a quelques semaines. Le « porc » désigne l’agresseur, mais l’agression et le sexisme ne sont sans doute que la partie émergée de l’iceberg, de la « porcherie » qu’est le système patriarcal qui a la vie dure.

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