L'éloge de l'intranquillité apaisée - Calendrier de l'Avent Déc19
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- Le 19/12/2016
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Eloge de l'intranquillité apaisée
[Calendrier de l'Avent Déc19]
La tension…
J’aurais aimé, Marion, que ton livre garde un peu plus la tension, l’équilibre entre intranquillité et tranquillité. Qu’une dizaine de pages fasse l’éloge de la dernière pour faire bonne mesure au piédestal dressé à la première.
Car vois-tu, je conseille volontiers l’ouvrage, mais je trouve qu’il faut le lire dans un moment de calme. A tête et à esprit reposés et non dans un état d’intranquillité intérieure, sous peine de devenir angoissant. C’est paradoxal, non ?
Je suis sûr que tu as dû l’écrire toi-même dans ta retraite montagneuse…
Le Fils de l’homme n’avait pas de tanière et pas de nid. Certes. Mais il avait des ami(e)s sur qui compter et des gîtes dont la porte était ouverte : pensons à Marthe, Marie et Lazare, à la belle-mère de Pierre, aux habitudes qu’il semblait avoir au mont des Oliviers. Des décennies de sédentarité semblent avoir précédé sa vie nomade de prédicateur qui n’aura, elle, duré qu’une paire d’années.
Et puis, il avait un lieu de retraite (presque) imprenable, à l’intérieur de lui-même. Cette relation si particulière au « Père ». Parce que le Tout-Autre lui était devenu familier, il avait la possibilité de se porter à la rencontre des autres. Tu parles d’ailleurs de son expérience baptismale qui lui permet de résister aux tentations.
Alors, bien sûr, la tension entre solitude reposante et sollicitude exigeante est présente en filigrane entre tes lignes. Mais je te trouve dure lorsque tu laisses entendre qu’on passe à côté de la vie pendant les jours creux de l’existence :
« La voie de l’intranquillité s’est imposée à moi par la force des choses. […] Il y a d’autres choix, bien sûr : vivre sans être vivant, ce qui m’arrive plusieurs fois par jour, plusieurs jours par mois, plusieurs mois par an. » (p. 39)
Sans doute, il n’y a pas de « vie vivante qui puisse s’affranchir de l’intranquillité. » (p. 40), mais y a-t-il vie vivante sans repos ? Les jours creux, la saison froide ne font-ils pas gagner en profondeur, rejeter les branches mortes, pousser des racines imperceptiblement qui nous permettent ensuite de déployer des ailes au printemps revenu ?
Aspirer à la tranquillité me paraît sain, sous condition de ne pas nous y barricader derrière des « convictions définitives » dans l’angoisse de tout dérangement. La vie est faite de mises en mouvements alternées de consolidations provisoires.
J’aimerais donc terminer ce message que je t’ai adressé en trois parties, Marion, en faisant l’éloge d’une « intranquillité apaisée » ou d’une « sérénité alerte ».
Heureuses fêtes de la nativité à toi et aux tiens !
(c) photo wikimedia commons
Jürgen Grauling
Marion Muller-Colard, L’intranquillité, Bayard J’y crois, 2016, 107 pages
* La théologienne Marion Muller-Colard, théologienne habitant Linthal, vient de publier L'intranquillité chez Bayard. Voir l'article de La Croix.
Voir l'article L'éloge de la tranquillité
Voir l'article L'éloge de l'Intranquillité
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