Bas les masques ! Prédication rimée
L’habit ne fait pas le moine
Mais le porter, c’est bien plus fun
Nous portons tous des masques
pour qu’on nous lâche les basques
Le pif rouge ne fait pas le clown
mais il cache quand en fait on est tristoun…
…net, n’est-ce pas. Car tout bon…
…nement, the show must go on !
Qui suis-je ? En voilà une drôle de question
Qui suis-je ? Vous voulez le savoir : un grand champion !
Je n’ai rien, rien à me reprocher
tout est net, d’une grande propreté
Qui suis-je ? Mais arrêtez donc de me narguer
Voulez-vous pour de bon me fâcher ?
Elles sont dangereuses, ce genre de questions
Vous voulez ma mort, que je fasse une dépression ?
L’habit ne fait pas le moine
Mais le porter, c’est bien plus fun
Nous portons tous des masques
Alors lâchez-moi les basques !
Le pif rouge ne fait pas le clown
mais il cache quand en fait on est tristoun…
…net, n’est-ce pas ? Car pour ne pas se faire huer
Le show doit continuer !
Jeune déjà, je me suis forgé une carapace
Je m’étais pris deux-trois bricoles en face
Certains moquaient ma naïveté,
et, sans vergogne, en abusaient.
Il ne fait pas bon de se montrer
ce qu’on ressent, ce que l’on est
Pour exister dans la société
il vaut mieux se dissimuler
Pour représenter quelque chose
préférez prendre la pose
Pour de vrai, faites mieux semblant
et alors, vous serez dans le vent.
C’est au moins ce que j’ai appris
C’est ainsi que je me suis fait plein d’amis
Mon carnet d’adresses est plein
Je brasse du vent à pleines mains
L’habit ne fait pas le moine
Mais le porter, c’est bien plus fun
Nous portons tous des masques
même si, en-dessous, le visage est flasque!
Le pif rouge ne fait pas le clown
mais il cache quand en fait on est tristoun…
…net, n’est-ce pas. Car tout bon…
…nement, the show must go on !
Mon image n’a aucune faille
tout est lisse comme de l’émail
Mes zones d’ombres ? Je les cache bien
On ne me reproche jamais rien.
Et même si on me reprochait quelque chose
Qu’on me disait que ma vie n’était pas rose
je saurais toujours montrer du doigt
celle ou celui mille fois pire que moi
Regardez-moi ce collecteur d’impôt
il doit en avoir sur la conscience
par contraste, je ne serai que plus beau
car, moi, j’ai de la contenance
Merci, Seigneur, merci, merci,
pour ce que j’ai et que je suis
Tu m’as fait si exemplaire
que mes mérites sont pour me plaire.
Hé, pharisien, tu n’es pas moine
en porterais-tu même les frusques
il ne suffit pas d’être smart et fun
l’orgueil, même dissimulé, Dieu le débusque
Crois-tu que Dieu ne remarque point
que tu n’agis que pour l’apparence
Qu’à chacune de tes charités est joint
un reçu de bonne conscience
En aucun cas, tu ne tiens
au bienfait de ton prochain
Toujours tu ne deviens sage
que si cela sert ton image
Dieu qui regarde au cœur
ne se contente pas d’un leurre
Devant lui, personne ne prend la fuite
ne peut se prévaloir de bonne conduite.
Dès lors, renonce à tes frasques
Devant lui, mets bas les masques
Crois-tu que ton péché est infime
ne joue pas le rôle de la victime.
Entre en toi, avec courage,
lâche tout, et tu deviendras sage
Car quand tu n’as plus rien en main
Dieu devient ton lendemain.
Dans tes failles, il s’introduit
Ainsi, sa lumière luit
au milieu de tes ténèbres
Enfin sa gloire, et non la tienne, célèbre !
Qui suis-je ? Cette question ne fait plus peur
Qui suis-je ? Personne ! Mais tu es au cœur
de l’attention du Très-Haut
Qui souffle tendrement le chaud.
Porter un masque, ça peut avoir du bon !
C’est avoir une « persona », être un personnage
Remplir une tâche, une vocation, une fonction
Fournir un véritable ancrage.
Elie, dont le Très-Haut avait fait son porte-parole,
prenait très au sérieux son rôle
ne lâchait jamais le divin drapeau
contre reine, roi et prophètes faux !
Le métier de prophète confère à Elie
une force, un but, son sens dans la vie
C’est même sa colonne vertébrale
de défendre Dieu et de frapper l’idole Baal.
Encore il y a peu, il a fait la démonstration
qu’il peut vaincre seul contre tous
dans une sacrificielle compétition.
Les serviteurs de Baal avait la loose.
Sa passion jalouse l’a même mené
à tous les massacrer
Mais la reine, la méchante Jézabel,
se vengerait avec tout son zèle.
L’habit, des fois, fait bien le moine
Le porter fait grandir telle personne
Celle-ci en prend pleinement la mesure
pour obtenir une vraie stature.
Devant l’adversité elle garde le masque
inflexible dans la bourrasque
Pas de questions à se poser
La mission doit continuer
Le clown ne prépare pas au pif
son spectacle caritatif
Le show n’est pas fait que pour rire
Souvent, il fait aussi réfléchir.
Tout à coup, Elie s’effondre
s’enfuit dans le désert
ne souhaite plus répondre
aux appels de Dieu le Père
Avait-il pris seulement le temps
de se mettre encore à Son écoute ?
Lui arrivait-il de prendre un rythme lent
pour méditer, jouer au foot ?
Jamais ! Le prophète était submergé
par les offenses à la divine dignité
auxquelles il devait parer
Pas le temps de se marrer.
Pas le temps de prendre de la distance
quand on se croit le fer de lance
d’une croisade contre les mécréants
quand on est seul juste contre les méchants
La fonction prend alors le dessus
C’est par passion jalouse que tu es mu
Il ne reste plus qu’à chausser les basques
et sur la tête mettre un… casque
Pif devant, rouge pivoine
en route sur la chaussée au moine
Quand on est pris par la fonction
pas un moment pour l’introspection
Ressemblerais-tu même à clown
Serais-tu secrètement tristoun…
…net, n’est-ce pas ? Tout bonn…
…nement, show must – ever – go on !
Un jour, pourtant, l’échafaudage prend l’eau
Pourquoi naît-on quelques années plus tôt
Qu’est-ce que ça signifie ? Où est le sens
à mon métier, mon existence ?
Hier encore, tout semblait bien,
aujourd’hui plus rien ne rime à rien !
Se coucher, garder le lit…
de la rivière dans le cas d’Elie.
Envie de mourir, ne plus se lever
A peine encore s’alimenter
Elie est en prostration
Il fait une profonde dépression.
Un ange, un messager est là.
Hou, Elie ne le remarque presque pas.
Tellement, il est discret
seulement, la table il met !
De quoi sustenter le prophète
tel une mère son nourrisson allaite
Une galette et une cruche d’eau
au départ sans piper mot
Puis le lendemain déjà
Elie n’est plus autant en bas
Prêt à être à l’écoute
l’ange le remet sur la route
Une longue route de quarante jours
à travers le désert chaud comme un four
il faut bien ça pour aller mieux
pour se trouver, soi, et trouver Dieu
Sur ce périple plus de casque
Elie y laisse tous ses masques
pour se présenter à Dieu à nu
Qui l’accompagne à son insu
Arrivé à la montagne, il aura le privilège
de voir Dieu, d’habitude un sacrilège
Sorti de la faille d’une roche
Dieu apparaît, Dieu se fait proche.
Dieu ne fracasse pas les montagnes
ne fait pas trembler la castagne
Non, il ne veut être vu
que dans le bruissement d’un souffle ténu.
Pour Elie, quelle révélation inouïe
Dieu est douceur et tendresse
qui s’adresse à ce qu’en toi tu as enfoui
quand tes yeux tu abaisses
Devant Dieu, lui seul, enlève ton casque
Devant lui, mets bas les masques
Crois-tu que ton péché est infime
ne joue pas le rôle de la victime.
Entre en toi, avec courage,
lâche tout, et tu deviendras sage
Car quand tu n’as plus rien en main
Dieu devient ton lendemain.
Dans tes failles, il s’introduit
Ainsi, sa lumière luit
au milieu de tes ténèbres
Enfin sa gloire, et non la tienne, célèbre !
Qui suis-je ? Cette question ne fait plus peur
Qui suis-je ? Personne ! Mais tu es au cœur
de l’attention du Très-Haut
Qui souffle tendrement le chaud.
Le pif du clown est rouge pivoine
c’est qu’il connait la solitude du moine
Parce qu’il connait la tristesse par le milieu
qu’il peut être profondément joyeux
Mais le clown tire maintenant sa révérence
devant André et sa douce France*
Que toute cette auguste assemblée
par les bienfaits du Très-Haut soit comblée.
Que sa tendresse vous emmène
à travers les déserts et les revers
et vous procure la joie profonde. Amen !
* (Francine et André fêtaient leur noces d'or, lors de ce culte)
Prédication sur 1 Rois 19 (Elie dans le désert et à l'Horeb) et Luc 18 (parabole du pharisien et du collecteur d'impôt).
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