Après Saint-Etienne-du-Rouvray : retourner à l'église ?

Retourner à l’église, continuer à vivre, en toute conscience

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Des terroristes entrent dans une église et y assassinent un prêtre en train de célébrer l’amour du Christ. Voilà ce que nous avons dû vivre en ce 26 juillet 2016.

Après avoir exprimé notre horreur, nos condoléances à l’Église catholique et aux proches du Père Jacques Hamel, après avoir observé un funeste rituel de deuil national et de minutes de silence, comment continuer à vivre ?

Dimanche prochain, irez-vous au culte, à la messe, samedi à la synagogue, vendredi à la mosquée ?

Car ne nous leurrons pas. Aujourd’hui, la terreur salafiste a visé le catholicisme, mais toutes les confessions chrétiennes, la religion israélite, mais aussi l’islam pacifique et non-politique, l’alévisme, et même l’agnosticisme, tout ce qui ne professe pas la même idéologie de mort et de rigorisme est également dans le collimateur de « islamisme ».

Bien sûr, que l’angoisse rôde. A Sélestat, nous avons eu récemment beaucoup de mariages et cultes avec des enfants. A chaque fois, je n’ai pu m’empêcher de penser aux fous furieux qui pourraient faire irruption. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas oublié Villejuif où un assassin s’était tiré une balle dans le pied avant de pouvoir mettre à exécution son plan de « visiter » violemment une messe…

Pourtant, pas question de céder à la peur ni à la haine aveugle. Les cultes et messes continueront d’avoir lieu, et nous espérons que vous y participerez, nombreux. D’ailleurs, y a-t-il vraiment des lieux où l’on soit en sécurité ?

Aller à l’église, admirer un feu d’artifice, faire une halte sur la terrasse d’un café, fréquenter des concerts et des plages, chercher le dialogue en vérité avec mon prochain musulman… Surtout n’arrêtons pas de le faire, si cela nous tient à cœur.

 

Continuons à vivre. Mais en toute conscience...

Conscients du danger, en nous y adaptant et en prenant des précautions. Rafraîchir nos connaissances des premiers secours, observer notre environnement en guettant des agissements suspects, repérer les issues possibles, fermer les portes de l’église à clé après le début des célébrations. Ah, nous qui secouions la tête en regardant les communautés libanaises célébrer des messes avec des milices armés protégeant l’entrée ! Peut-être, et ce serait de belle augure, les chrétiens garderont les lieux de culte musulmans et inversement ?

Conscients de chaque instant de bonheur, de chaque étincelle de vie qui s’offre à nous. Reconnaissants de tout moment que nous vivons pleinement avec les personnes qui nous entourent.

Conscients enfin que nous sommes responsables de notre manière de vivre et de croire. Dès lors que les principes, les rites et le rigorisme l’emportent sur le sens et l’humble recherche spirituelle, il y a danger de radicalisation, quelle que soit la religion ou l’idéologie.

 

Comme je suis en vacances, je n’avais pas forcément prévu d’aller au culte. Mais en considération de la situation, j’irai. S’il n’y a pas de temple à proximité, je prierai et chanterai avec mes sœurs et frères catholiques. Comme un acte de ma foi qui croit que l’amour est plus fort que la mort. Comme un chant pascal : Craindrais-je encore ? Il vit à jamais, celui que j’adore, le Prince de Paix. Il est ma victoire, mon puissant soutien, ma vie et ma gloire : non, je ne crains rien. A toi la gloire, ô Ressuscité, à toi la victoire, pour l’éternité !

 

Jürgen Grauling

 

Pour aller plus loin, méditer le testament spirituel de Christian de Chergé, prieur assassiné des moines de Tibhirine : cliquez ici pour un lien de La Croix.

 

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